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Des camisoles (et autres textes)
Quartett Éditions (2015)

Il faudrait dire l’audace, la colère et l’humour qui innervent ces trois textes-là. Il faudrait dire aussi comment, alors qu’ils explorent chacun des regards d’hommes sur des femmes – l’employée dans Des camisoles, la patiente dans Deux femmes parallèles,  la sœur dans Did you ever ? –,  ces trois textes prennent  le pari (et le parti pris dramaturgique) de fixer ces regards par la voix. [...] dramatisant un bouleversement des corps et des discours contemporains (hallucinants, hallucinés, fiévreux ou glaçants), l’écriture de Pauline Picot joue du scalpel, tranche à vif. Et c’est ainsi encore que d’une forme à l’autre, ça sonne, ça réveille, ça met dans un drôle d’état, ça blesse également (« La signature du poème, comme de tout texte, c’est une blessure. Ce qui ouvre, ce qui ne se cicatrise pas », Jacques Derrida, La vérité blessante). Et si ici l’écriture blesse, elle le fait d’autant plus qu’elle est à la fois tendre et violente, voire très méchante mais aussi bien souvent méchamment et furieusement drôle.

Sandrine Le Pors, préfacière

Des camisoles

Entendre parler pour soi. Entendre répondre non et la porte claquer. Voir des gens se croire arrivés, pleins d’orgueil, les ongles plantés dans leur trône. Un trône qui peut s’appeler le théâtre français, mais qui peut aussi s’appeler l’entreprise, le bureau, la compagnie, la firme, le conglomérat, la boutique. Avoir son âge, son sexe, son milieu et se voir dénier la pensée, la parole, la colère.

Deux femmes parallèles est le versant sensible d’une recherche universitaire sur l’hypnose – et exploration trépidante de 365 nuits de rêves hallucinatoires par an. D’un côté, une patiente qui se glace éternellement au feu sombre de la Science. De l’autre, une éternelle immobile qui voyage en demi-sommeil dans toutes les directions possibles de sa vie.

Did you ever

Mâché, ranci en bouche, craché en mitraille d’éclats de verre – le fantasme porté par Shakespeare et Faulkner : celui du frère en colère. Qui est en colère pour toujours puisque sa montre est cassée. Qui met la sœur dans un enclos. Qui par définition ne pourra pas se marier parce qu’il est le frère. Qui n’a pas de chance parce qu’il n’est ni le riche prince triste, ni le préféré attardé. Qui croit qu’il peut arrêter le temps en parlant très vite.

Couv_Descamisoles_Pauline_Picot
Couv_Descamisoles_Pauline_Picot

Ce qu’il vous faut à vous c’est l’ignorance. Vous ne pourriez pas. Entrer véritablement dans ce monde. Que vous restiez à la marge c’est bien. Je ne sais même pas si vous avez conscience de la chance d’être à cette marge. 

J’ai 13 ans et je me regarde courir le long de la route. J’ai plein de rêves dont celui d’avoir un accident. Je rêve de penser des choses interdites. Je rêve de m’écorcher les genoux pour prouver ma valeur. 

 Si, j’étais aussi l’idiot un peu dégénéré, un peu fissuré / Mais ça se voyait moins que sur le prince / le fameux prince dont tout le monde ressassait le temps de la joie / Et ma sœur la première / Qu’il était beau le prince / Quand son père vivant, sa mère fidèle, quand tout allait bien

Création sonore de Deux femmes parallèles 
pour Radio Brume

Lecture : Sarah Kristian et Pauline Picot

Son : Fabrien Drouet

Deux femmes parallèles - Radio Brume
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Autour de Des camisoles et autres textes à la librairie Le Livre en Pente (Lyon)

12 février 2016

Mise en voix de Sarah Kristian et Pauline Picot

Photographies de Dominique Gauchon

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